Les CM de l’école élémentaire "les 4 saisons" de Mazières en Gâtine gagnants du concours « l’Aventure citoyenne » pour l’année scolaire 2021-2022

, par Bruno

On ne sait pas si les enfants de l’école élémentaire « les 4 saisons » de Mazières-en-Gâtine connaissait l’origine de l’appellation « Galette des Ardennes » donnée à une spécialité de la boulangerie-pâtisserie locale mais assurément la participation au concours « l’Aventure citoyenne » proposée par l’Union des délégués de l’Education nationale (DDEN) des Deux-Sèvres leur a permis de comprendre pourquoi on l’appelait ainsi. Un travail sur l’histoire de la France pendant la deuxième guerre mondiale, une restitution de l’histoire locale qui ont été menées avec l’aide de leur professeur, Patrick Avogadro et l’intervention de Serge Pacaud, l’archiviste de Mazières.
Les enfants ont été accueillis au Centre régional, résistance et liberté (CRRL) à Thouars, pris en charge par l’équipe du centre. Déplacement et séjour à Thouars ont été pris en charge financièrement par les DDEN.
Pour septembre 2022, le concours évolue, les récompenses aussi !
Impossible de mettre tous les écrits sur le site ! Les DDEN de la commission en charge du concours ont sélectionné deux textes, séduits par l’humour de Charly et le remarquable travail de romancière de Célia.
Patrick Avogadro, Charly, Serge Pacaud et Célia ou l'école élémentaire " les 4 saisons " de Mazières-en-Gâtine au CRRL à Thouars
Patrick Avogadro, Charly, Serge Pacaud et Célia ou l’école élémentaire " les 4 saisons " de Mazières-en-Gâtine au CRRL à Thouars

L'article de la Nouvelle République sur les gagnants du Concours "l'Aventure Citoyenne 2021/2022"
L’article de la Nouvelle République sur les gagnants du Concours "l’Aventure Citoyenne"

Texte de Charly :

Que c’est bon les gâteaux !

Bonjour, je suis un petit enfant très gourmand et je vais vous raconter l’histoire de la galette ardennaise. Je m’appelle Yoan et j’habite à Mazières-en-Gâtine. Aujourd’hui, je suis à la boulangerie de Mazières en train de baver devant la vitrine de la boulangerie. Bon, je crois qu’il est temps de vous expliquer une fameuse histoire.
Tout commence en 1940 à Pouru-Saint-Rémy. Un village dans les Ardennes. Je vais vous parler d’un monsieur qui était boulanger à Pouru et qui s’appelait Jérémy. Mais nous sommes en 1940 et à cette date, c’est la deuxième guerre mondiale, donc Jérémy a dû fuir son village avec sa famille. Faisant tout un voyage et passant par plein d’endroits, les conditions étaient très difficiles. Bien sûr, il était très triste de devoir quitter sa boulangerie et son village mais il avait encore toutes les recettes en tête.
Et tout ça pour arriver à Mazières.
En arrivant, il fut logé et bien accueilli. Il ne prit pas longtemps pour apprendre à connaître plusieurs personnes du village, notamment le boulanger de Mazières qui s’appelait Jean. Il lui donna les recettes de spécialités des Ardennes et de la fameuse galette ardennaise qu’ils appellent là-bas « galette au sucre » puisqu’il y a beaucoup de sucre dedans. Le boulanger le remercia énormément pour toutes ces recettes mais surtout pour la galette. Le village en fit de même quand ils y eurent goûté.
Et la forme était ronde. Et c’est depuis que l’on appelle ce gâteau « galette ardennaise » parce qu’elle vient des Ardennes. Et maintenant, c’est à mon tour de la manger, parce que c’est bien beau de parler de gâteau mais au bout d’un moment, faut bien le savourer !

Texte de Célia :

Les réfugiés

9 mai 1940
Moi, je m’appelais Luc Dufour, j’avais dix ans et je vivais à Pouru-Saint-Rémy, dans les Ardennes. J’ai un père, une mère et deux grands frères, Georges (15 ans) et Louis (14 ans). Mon père était boulanger et ma mère aussi. Moi, ma pâtisserie préférée, c’était le chou à la crème. Mes parents étaient inquiets au sujet de la boulangerie. Cette année, les récoltes de blé avaient été mauvaises à cause de la sécheresse, donc le prix de la farine allait augmenter et cela n’était pas bon pour la boutique. Le soir, toute la famille était groupée devant la radio pour écouter les informations.
Albert Lebrun, président de la France, annonça l’approche des Allemands dans le pays. Nous n’étions pas inquiets car la France avait construit la ligne « Maginot », c’était plein de canons installés à la frontière de notre hexagone.
« Ils sont tombés dans le piège » dit mon père tout content. Nous allons nous coucher.

10 mai 1940
Je fus réveillé par des bruits de fracas de verre, des bombes et des hurlements. Maman nous dit de faire nos valises en pleurant comme une fontaine. Papa démarra la camionnette. La voiture de nos voisins avait été détruite, donc nous étions sept entassés dans le véhicule. Elle démarra, nous n’avions fait à peine vingt mètres qu’une bombe s’écrasa sur la boulangerie. Papa nous emmena à la gare de Sedan, mais aucun train. En pleurant, nous lui disions au revoir. Mon père avait 57 ans, donc il allait revenir dans trois ans, s’il est toujours vivant…
La camionnette s’éloigna. Notre voisin, Raymond avait 60 ans et sa femme Marguerite avait 59 ans. Raymond dit : « il n’y aura pas de train ici, la gare est trop petite, allons à Charleville-Mézières, elle est plus grande. Nous aurons plus de chance ». Marguerite et maman acquiescèrent. Georges sortit son guide Michelin et tous ensemble nous traçons la route. Nous décidons de longer la Meuse. « En route ! Nous n’avons pas une seconde à perdre » dit Louis.

11 mai 1940
Nous avons marché toute la nuit. A 1 h 20 nous avons commencé à voir la lumière de lampadaires et à 3 h nous étions dans la gare. Il ne restait plus qu’un wagon de libre, Raymond alla acheter 6 billets de troisième classe et nous filâmes dans le train qui desservait Mazières-en-Gâtine.

12 mai 1940
Je fus réveillé par Louis qui me secouait en criant que nous sommes arrivés. Je bondis de mon siège et tout le monde sortit. Nous fûmes très bien accueillis dans la maison du boulanger. Il s’appelait Gilles et sa femme Gisèle. Ils avaient deux filles, Margot et Louise et trois garçons, Charles, Hubert et Pierre.
Marguerite et Raymond étaient logés en face de notre nouveau chez nous. Moi, Georges et Louis dormions dans les combles, près de la cheminée. Ce soir-là, Pouru me manquait déjà.

13 mai 1940
Au petit déjeuner, nous mangions du pâté avec du vin rouge et des choux à la crème. Gilles nous proposa de travailler à la boulangerie, maman dit que nous en serions ravis.

17 mai 1940
Je commençais à m’habituer à vivre ici. J’adorais les « mogettes », des haricots blancs délicieux. Hier, quand nous venions juste de terminer de manger, Georges et Louise s’étaient éclipsés. Je décidais de les suivre, mais je les ai retrouvés tous les deux en train de s’embrasser dans un coin de la place des marronniers, derrière un buisson. Beurk !

1er juin 1940
Aujourd’hui, j’ai croisé Raymond et Marguerite qui, eux, travaillaient dans une ferme. Je leur offris des choux à la crème et eux me donnèrent un superbe saucisson.

14 juin 1940
Pendant que Margot et Louise faisaient la vaisselle, moi et Gilles écoutions la radio. Les Allemands avaient pris Paris. Ils avançaient encore et encore. Adolf Hitler avait dit que l’Allemagne ne serait à taille adulte que quand elle sera l’Europe, c’était un monstre sans pitié.

18 juin 1940
En cette soirée-là, la radio diffusait un discours de Charles de Gaulle. « Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n’empêchent pas qu’il y a dans l’Univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. »
C’était certain, Charles de Gaulle était un héros. Dans son discours il dit d’essayer de le rejoindre à Londres par tous les moyens pour résister. Sur ces mots, Hubert et Pierre qui étaient maintenant majeurs, nous dirent adieu et partirent pour l’Angleterre.

25 juin 1940
Ce matin-là j’entendis Louise pleurer dans les bras de Georges, je les rejoignis. « Nous sommes fichus » dit-elle avec les joues ruisselantes de larmes. Je regardai par la fenêtre et aperçu des troupes qui marchaient toutes bien alignées comme des rangs d’oignons. C’était bel et bien les Allemands ! Mazières était maintenant en zone occupée. A midi, quelqu’un toqua à la porte, c’était un « Boche ». Tout le monde était très apeuré, l’Allemand n’avait pas l’air méchant. Gisèle le fit entrer tout de suite. Il prit un saladier et un fouet puis fit semblant de mélanger. Charles comprit que dans son pays il était boulanger et il ne voulait pas faire la guerre. Nous décidâmes de le cacher dans la cave. Il s’appelait Helmut.

30 octobre 1942
Pendant l’après-midi, j’entendis des cris dans la maison d’à côté. Je me penchais et découvris une voiture allemande chez nos voisins. Deux jours après, un article de la Cracotte disait que nos voisins avaient été dénoncés comme Juifs.

8 mai 1945
La France était enfin libre ! Nous allons pouvoir repartir et remanger de la tarte au sucre. C’était un gâteau très sucré qui venait de chez nous. Pour les remercier de nous avoir hébergés maman leur confia la recette.
Ils ne se rappelaient jamais du nom, donc ils l’ont renommée « galette ardennaise » car elle venait des Ardennes.
Louise décida de venir vivre à Pouru-Saint-Rémi et Helmut retourna en Allemagne.

2 Août 1948
Pouru avait été presque tout reconstruit. Ce jour-là était un grand jour car Louise et Georges se marièrent. Tout le monde était là, Marguerite, Raymond, Helmut, Charles, Hubert, Pierre, Margot ; maman, Lo